Palu-Plante-VIVO Mise en place du modèle murin pour l’étude de l’activité antipaludiques des remèdes traditionnels

Contexte et justification

Pour obtenir les premières preuves de concept sur la propriété antipaludique des remèdes traditionnels et extraits de plantes, il est préférable de les tester in vivo chez la souris que l’on infecte de façon expérimentale par Plasmodium.

Objectifs

Etablir un modèle murin pour l’étude de l’activité antipaludique des remèdes traditionnels et extraits de plantes contre Plasmodium yoelii.

Méthodes

Plasmodium yoelii est utilisé pour infecter les souris suisses élevées en conditions contrôlées au sein de l’Institut Pasteur de Madagascar en respectant les règles de l’éthique animale. Le test de suppression de quatre jours de Peters (1975) est utilisé avec l’infection à J0, le traitement des animaux infectés de J0 à J2 et l’évaluation de l’activité antipaludique à J3. La charge parasitaire est évaluée en microscopie, et la parasitémie du lot non traité est considérée comme 100% de croissance parasitaire. Après plusieurs essais, nous optons pour l’infection par voie intra-péritonéale en injectant 2.106 de globules rouges parasités infectés par souris. Le test est réalisé en utilisant le sang de souris donneuse ayant une parasitémie entre 20 et 30%. Pour chaque test, des souris mâles de 6 semaines pesant 21 à 22 g sont utilisées. A raison de 5 individus par lot, les souris sont maintenues dans une armoire conditionnée et nourries ad libitum pendant toute la durée de l’étude. Le suivi journalier est effectué tant qu’il reste des animaux vivants pour les différents lots de l’étude.

Le premier essai effectué consistait à évaluer l’activité de l’extrait lyophilisé d’un remède, vendu en supermarché à Madagascar pour traiter le paludisme, contre P. yoelii chez la souris. Ce remède est un mélange de 22 plantes non indiquées sur l’emballage ni sur la notice, et nous l’avons codé H22. Le lyophilisat dissous dans du DMSO a été administré chez la souris par voie orale une fois par jour pendant 3 jours. L’amodiaquine à 1 mg/kg a été utilisée comme contrôle. L’activité de suppression de l’extrait a été calculée en fonction des valeurs de la parasitémie des souris des lots traités et celle du lot non traité.

Résultats et discussion

La moyenne des parasitémies du lot contrôle (non traité) à J3 était de 13%. La parasitémie était nettement plus importante chez les souris traitées par (23% chez les souris traitées par H22 à 125mg/kg et 56% chez celles traitées par H22 à 250 mg/kg). L’amodiaquine à 1mg/kg a donné une suppression de 67% de la parasitémie. Ces résultats remettent en cause l’utilisation de H22 commercialisé à Madagascar pour sa « propriété antipaludique ». Non seulement H22 est inactif contre P. yoelii, mais elle exacerbe l’infection.

Impact

Le modèle murin pour l’étude de l’activité antipaludique des remèdes traditionnels et extraits de plantes contre Plasmodium yoelii est établi. Dans un premier temps, nous allons compléter les données pour H22. Dorénavant, nous pouvons tester les activités des plantes médicinales dites antipaludiques. Au lieu d’utiliser la microscopie pour déterminer la parasitémie, nous envisageons de recourir à la cytométrie.