EPI-PECADOM + Prise en charge à domicile du Paludisme à Mananjary

Contexte et justification

A Madagascar, le contrôle du paludisme dans les zones hyper-endémiques montre des signes de résistance. Une nouvelle approche ciblant les réservoirs des parasites pourrait être une nouvelle stratégie pour réduire la prévalence du paludisme dans ces zones. La stratégie de prise en charge à domicile (ou PECADOM) du paludisme par les agents communautaires (AC) comporte la confirmation du diagnostic par les tests de diagnostics rapides (TDR) et le traitement des cas simples par ACT (Artemisinin-based Combination Therapy). Dans cette stratégie, tout dépend de la volonté des malades ou des parents à amener un enfant malade à l’AC et de recourir aux soins. Ainsi, des cas peuvent ne pas être détectés, et les cas qui sont traités sont parfois vus tardivement, alors que le recours tardif ou l’absence des soins augmente le risque de survenue de paludisme grave.

Une intervention en communauté, basée sur la stratégie PECADOM, mais par dépistage actif toutes les 2 semaines des cas suspects de paludisme (PECADOM Plus), et de les traiter en cas de TDR positif pourrait être une stratégie pour la réduction de la transmission du paludisme. Un essai randomisé en cluster à 2 bras dans les communes rurales de Mananjary a été mis en place pour évaluer cette nouvelle stratégie.

A Atsimo Atsinanana, la région de Mananjary, se trouve la deuxième région où la prévalence de l’anémie chez les femmes  est la plus élevée après Boeny (57% et 53%). Le poids de l’anémie et du paludisme chez les femmes en âge de procréer sera aussi exploré dans ce projet de recherche.

Objectifs

1. Objectif principal :

  • Evaluer l’efficacité d’un dépistage actif des cas de paludisme et de prise en charge en communauté rurale à Mananjary.

2. Objectifs secondaires :

  • Estimer l’incidence du paludisme dans les zones d’étude ;
  • Comparer la prévalence de l’anémie chez les femmes de 15 à 49 ans dans les 2 bras.

Méthodes

L’unité de randomisation (cluster) est constituée par un « fokontany » (la plus petite délimitation administrative). L’étude est conçue pour détecter une diminution de 50%  de la prévalence du paludisme (de 10% à 5%) dans le groupe recevant l’intervention par rapport au groupe témoin. En tenant compte d’un risque α=0,05, β = 0,20, avec un test bilatéral, et un ρ= 0,02 (coefficient de corrélation intra-cluster ou ICC), il faudrait un cluster avec au moins 1000 habitants. Le nombre total de  cluster concernés sera de 22 dans les 2 bras, soit 11 fokontany par bras. Le bras d’intervention comporte la stratégie PECADOM Plus (dépistage actif des cas suspects de fièvre et traitement par ACT en cas de positivité) et  un bras témoin avec les mesures habituelles de pris en charge du paludisme.

Au début (à M0), les populations des 22 fokontany sont recensées et chaque personne bénéficie d’un TDR paludisme indépendamment de la présence de fièvre, afin d’évaluer la prévalence initiale du paludisme. En même temps, le taux d’hémoglobine des femmes âgées de 15 à 49 ans est mesuré par hémoglobinomètre afin de dépister l’anémie. Par la suite, les fokontany dans le bras intervention feront l’objet d’un dépistage par porte à porte toutes les 2 semaines par les AC pour trouver les cas suspects de paludisme (fièvre ou notion de fièvre), les tester par TDR et les traiter en cas de positivité. A la fin, au 12ème mois (ou M12), les 22 fokontany seront revisités et dépistés par TDR pour mesurer à nouveau la prévalence du paludisme. Et l’anémie des femmes de 15 à 49 ans sera aussi  re-dépisté.

Résultats et discussion

Ce projet a été initié en mai 2016, la soumission du protocole d’étude au Comité d’Ethique auprès du Ministère de la Santé Publique a été faite en août 2016. Le dépistage par TDR des 22 fokontany  pour la mesure de la prévalence initiale a commencé en décembre 2016.

Impact

En plus de la mesure de son efficacité, ce projet de recherche permettra aussi d’acquérir plus d’informations sur la faisabilité des dépistages actifs du paludisme dans les zones enclavées de Madagascar. Il permettra aussi de documenter la place des AC en cas d’épidémie du paludisme.