EPI-SENTFI Surveillance sentinelle des fièvres et des maladies à potentiel épidémique à Madagascar

Contexte et justification

En dépit des connaissances actuelles sur le diagnostic et la lutte contre les maladies  transmissibles, ces dernières demeurent la principale cause de morbidité et de mortalité dans de nombreux pays en développement dont Madagascar. Certaines de ces maladies peuvent être prévenues et/ou traitées efficacement, dans d’autres cas, l’approche préventive et/ou thérapeutique s’avère délicate en raison de facteurs multiples (environnementaux, socio-économiques, etc…). Les investigations récentes menées sur les syndromes fébriles par recours systématique à un test de diagnostic rapide du paludisme (TDR) dans les Centres de Santé de Base (CSB) confirment que la part attribuable au paludisme excède rarement 30%. Il est d’une importance capitale de disposer d’un système de surveillance. Un système qui permet de décrire les étiologies des syndromes fébriles et d’assurer une réactivité/riposte/confirmation face à un phénomène épidémique.

Depuis 2007, un réseau de surveillance sentinelle des fièvres est en place à Madagascar, et couvre l’ensemble du territoire. Il est actuellement constitué par 54 CSB, 18 centres hospitaliers et 108 Agents Communautaires (AC). Les maladies à potentiel épidémique sous surveillance sont : le paludisme, la grippe, les diarrhées, les arboviroses et la paralysie flasque aigüe (PFA). Les TIC (Technologies d’Information et de Communication) telles que les téléphones Android et l’internet sont utilisées pour la transmission journalière des données. La surveillance clinique est couplée avec une surveillance sentinelle biologique permettant de mettre en relation syndromes cliniques et circulation des agents pathogènes (plasmodium, arbovirus, virus grippaux…). C’est un système d’alerte précoce des syndromes fébriles, susceptibles d’avoir un impact en termes de santé pour déclencher une riposte rapide et ciblée. Il s’agit d’un système de surveillance complémentaire aux systèmes de surveillance de routine du Ministère de la Santé Publique.

Faits marquants de l’année

  • Participation à l’atelier de relance du réseau de surveillance sentinelle de la grippe en Afrique, Congo Brazzaville.
  • Participation à la réunion du comité technique régional SEGA-OI (Surveillance Epidémiologique et Gestion des Alertes, commission Océan Indien), Saint Gilles, La Réunion.
  • Participation à la réunion du comité technique du dispositif « une seule santé », Saint Gilles, La Réunion.

Tableaux d’activité synthétique annuelle

Pour le réseau de CSB, les syndromes fébriles représentaient 12,6% (41.446/329.153) des consultants. Le taux d’utilisation du test de diagnostic rapide du paludisme était de 98,6% (40.883/41.446) des fièvres. Les syndromes grippaux, le paludisme, la diarrhée fébrile et la suspicion d’arboviroses représentaient respectivement 33,1% – 11,9% – 6,4% et 1,2 % des fièvres. Il y avait eu 11 cas de PFA déclarés.

Au niveau des centres hospitaliers sentinelles, les syndromes fébriles représentaient 17,2% (5.658/32.903) des admissions à l’hôpital. Le paludisme et l’Infection Respiratoire Aigüe et Sévère (SARI) constituaient respectivement 20,8% et 0,7% de ces admissions.. Parmi 667 décès enregistrés, 10,5% étaient liés au paludisme et 1,0% au SARI.

Dans des zones rurales isolées gérées par le réseau des AC, la part du paludisme était de 88,3% (16570/18755) des consultants et 43,9% référés au CSB. Le taux de positivité de TDR était de 40,2% et le paludisme représentait 34,8%  des consultants. Parmi 388 décès déclarés par les AC, 4,1% était lié au paludisme. Ce réseau AC avait permis d’objectiver 4 alertes sur des décès.

Tableaux de résultats annuels

Globalement, on note une diminution de la part du paludisme parmi les motifs de consultation.

Part des différentes maladies sous surveillance par rapport au cas de fièvre déclarés par 54 CSB sentinelles

Part des différentes maladies sous surveillance par rapport au cas de fièvre déclarés par 54 CSB sentinelles, 2015 (à gauche) et 2016 (à droite)

Impact

Ce réseau de surveillance sentinelle a permis d’objectiver les phénomènes anormaux pouvant menacer la santé des populations. Quarante-huit alertes ou situations anormales ont été détectées : 20 pour paludisme, 13 pour paralysies flasques aigües, 6 pour diarrhées, 4 pour syndromes grippaux, 1 pour syndrome fébrile et 4 pour les décès. Les examens biologiques ont montré la circulation probable des arbovirus (Dengue, Chickungunya, West Nile) et des virus grippaux saisonniers (A et B). La plupart (89,6%, 43/48) de ces alertes ou situations anormales étaient contrôlées au niveau du district sanitaire.