Viro-SEROMADA Variation spatiale de la séroprévalence de la grippe à Madagascar

Contexte et justification

A Madagascar, la circulation des virus grippaux est plus ou moins documentée grâce à l’existence de la surveillance sentinelle de la grippe qui est basée en grande partie sur des cas symptomatiques suivant la définition de cas de grippe établie par l’Organisation Mondiale de la santé. Cette surveillance virologique est alimentée par quelques sites sentinelles qui ne sont pas représentatifs de Madagascar. Une étude préliminaire réalisée à Moramanga a montré une part non négligeable de cas asymptomatiques d’infection par le virus pandémique A/H1N1pdm09. Ainsi, il est important d’étudier la prévalence de la grippe à partir des données sérologiques afin d’établir le fardeau causé par la maladie grippale et prédire la propagation spatio-temporelle des épidémies pour informer de façon plus adéquate les décideurs en santé publique.

Objectifs

Les objectifs du projet sont d’estimer la proportion de la population infectée par la grippe, et d’étudier comment la géographie d’un territoire et les différents degrés de connectivité entre les populations humaines influencent la propagation des épidémies grippales.

Méthodes

Il s’agit d’une étude sérologique transversale rétrospective portant sur 643 sérums collectés entre 2011 et 2013 chez des sujets sains âgés de plus de 18 ans dans le cadre du projet ZORA (dont l’objectif est d’étudier la circulation d’agents pathogènes dans un échantillon représentatif de la population malgache). Pour cette étude, 11 sites sentinelles des fièvres (urbains et ruraux) ont été sélectionnés. Les sérums sont analysés pour la présence d’anticorps dirigés contre 6 souches de virus grippaux de type A ayant circulé ces 50 dernières années. La technique utilisée est la méthode sérologique de micro-neutralisation (MN). Une modélisation mathématique sera établie afin d’étudier la propagation des virus à travers le territoire malgache.

Résultats et discussion

A ce jour, deux souches de H1N1 (A/Hong Kong/NS29 qui est une souche H1N1 pandémique de 2009 et A/Brazil/11/78) et deux souches de H3N2 (A/Hong Kong/1/68 et A/Bangkok/1/79) ont été testées. Les premières analyses montrent une séroprévalence grippale globale de 59,4% (382/643). Le taux de séropositivité le plus élevé (40,7%; 262/643) est obtenu avec la souche A/Hong Kong/1/68 (H3N2). Toutefois, on observe une séropositivité assez faible avec les souches A/H1N1 (8,2%). Globalement, la séroprévalence semble varier selon l’âge et les zones géographiques, pour les virus testés. Les prochaines données obtenues avec les autres virus permettront de mieux établir une cartographie de la séroprévalence des virus grippaux dans le pays.

Impact

Les données obtenues au cours de cette étude renseigneront sur le fardeau de la grippe qui est parfois sous-estimé dans certains pays comme Madagascar. En outre, les nouvelles données permettront de mieux comprendre l’impact de la structure d’un territoire sur la propagation des épidémies. Nous attendons des résultats de la modélisation mathématique qu’elle nous renseigne sur les zones de fortes susceptibilités aux infections grippales. Ces données associées aux futures données génétiques des virus circulant à Madagascar devraient pouvoir nous donner des informations utiles aux responsables en santé publique sur l’origine et la propagation des virus grippaux au sein du pays.