Peste

Résistance aux antimicrobiens : identification de signatures protéomiques chez les souches résistantes de Yersinia pestis et Francisella tularensis et caractérisation de la souche impliquée dans une épidémie de peste pulmonaire à Madagascar

La résistance aux antimicrobiens (RAM) survient lorsque le traitement des infections dues aux bactéries, virus, champignons ou parasites devient inefficace, augmentant ainsi le risque de propagation des maladies et des formes graves.

Face à l’augmentation de l’incidence de la RAM, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé un plan d’action1 en 2015 encourageant notamment la sensibilisation et la compréhension de la RAM afin d’identifier rapidement les agents pathogènes résistants pour une meilleure maitrise des infections.

L’Unité Peste de l’Institut Pasteur de Madagascar a participé à une étude2 sur les protéines associées aux souches résistantes aux antimicrobiens de Yersinia pestis et Francisella tularensis, agents pathogènes responsables de la peste et de la tularémie respectivement. L’étude a permis d’identifier et de caractériser l’expression de plusieurs protéines qui permettent de différencier les souches sensibles aux antimicrobiens de celles résistantes pour les deux pathogènes Y. pestis et F. tularensis. Pour Y. pestis, une différence d’expression des protéines selon les phases de collecte (exponentielle vs. tardive) a été observée. La présence d’antibiotique dans le milieu de culture a eu un impact sur l’expression des protéines associées à la RAM. Ces caractéristiques représenteraient des signatures protéomiques de la RAM et elles pourraient constituer la base de nouvelles approches pour identifier de nouvelles souches résistantes aux antimicrobiens.

En effet, la résistance aux antimicrobiens représente une menace croissante de santé publique mondiale étant à l’origine d’épidémies comme celle de la peste pulmonaire (PP) à Madagascar en février 2013 dans le district de Faratsiho, épidémie due à une souche de Y. pestis résistante à la streptomycine3. L’Unité Peste de l’Institut Pasteur de Madagascar et le Northern Arizona University ont caractérisé cette souche résistante par l’analyse des souches isolées et des extraits d’ADN issus des échantillons de sang ou d’expectorations provenant de personnes atteintes de PP lors de cette épidémie. La résistance de cette souche à la streptomycine est due à une mutation bactérienne, précédemment identifiée chez 2 souches de Y. pestis non apparentées (étude4). Néanmoins, l’étude a révélé que cette mutation n’a d’impact ni sur la virulence de Y. pestis, ni sur la sévérité de la maladie qui demeure élevée, mais ces souches mutées pourraient persister dans l’environnement.

L’étude de la résistance aux antimicrobiens est nécessaire à la lutte contre ce problème de santé publique mondiale qui, selon des prévisions de l’OMS publiées en 20195, pourrait entrainer jusqu’à 10 millions de victimes humaines par an d’ici 2050.

1Lien : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/249548/9789242509762-fre.pdf

2Lien : https://doi.org/10.3389/fmed.2022.821071

3 Lien : https://journals.plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal.pntd.0009324

4Lien : https://academic.oup.com/cid/advance-article/doi/10.1093/cid/ciab606/6318455

5Lien : https://www.who.int/docs/default-source/wpro—documents/regional-committee/session-70/rcm70-7-amr-fr.pdf.