Dr Rila RATOVOSON, coordinateur du SSDS de Moramanga à l’IPM
« Nous avons maintenant acquis une solide expérience en matière de suivi démographique des populations et de mise en place de projets de recherche sur le site de Moramanga. Dans les prochaines années, nous voudrions renforcer les collaborations internationales et nous impliquer dans des études interventionnelles, en particulier dans le domaine des maladies infectieuses, de la vaccinologie et des maladies chroniques (hypertension artérielle et diabète), et de poursuivre nos recherches sur la santé de la mère et de l’enfant. Nous sommes ouverts à toutes propositions de recherche avec d’autres instituts du Réseau International des Instituts Pasteur », Dr. Rila RATOVOSON, coordinateur du SSDS de Moramanga de l’IPM.
Les problèmes de santé, la longévité et les statistiques démographiques à Madagascar restent difficiles à évaluer, car il n’existe pas un système d’enregistrement des naissances et des décès opérationnel sur tout le territoire, seules les grandes villes disposent d’un état civil performant. De ce fait, le Système de Surveillance Démographique et de Santé (SSDS) de Moramanga a été mis en place. Ce système qui est unique à Madagascar et dans l’Océan Indien est, un outil de recensement permettant d’obtenir des données démographiques et sanitaires fiables. Le site de Moramanga a été identifié par l’IPM comme un site adapté représentatif du milieu urbain, périurbain et rural de Madagascar. La zone d’étude choisie correspond à celle où se trouvent les communes dont est issue la majorité des patients vus dans le Centre de Santé Materno-Infantile (CSMI) de Moramanga.
Carte de la zone du SSDS de Moramanga avec les 3 communes, les 30 villages et les Centres de santé de base de rattachement
Avec 70.000 personnes provenant de 30 fokontany (subdivision administrative la plus petite à Madagascar), les données venant du SSDS de Moramanga pourraient, sur le long terme, participer à d’orientation de la politique de santé publique au niveau national. La mise en place de ce SSDS répond, en effet, à trois besoins :
- le manque de données précises sur la dynamique des populations, en raison des déficiences de l’état civil ;
- l’insuffisance de statistiques sanitaires fiables car les recherches menées à partir des données issues des centres de santé et des hôpitaux ne donnent qu’une image biaisée de la situation sanitaire de toute la population ;
- l’intérêt de disposer d’une plateforme pour mener d’autres recherches : essais cliniques, études socio-anthropologiques, évaluation des recommandations nationales sur les grands thèmes de santé.
Ce type d’observatoire de la population a montré son importance et sa fiabilité dans les pays en développement où la morbidité et la mortalité sont élevées.
Le SSDS a pour objectifs (i) de fournir des informations longitudinales précises et fiables sur la population des villages de Moramanga, pour le calcul des taux d’incidence, de morbidité, ou de mortalité dans cette population ; (ii) d’obtenir une base de sondage pour les études en population ; (iii) de participer à l’amélioration des connaissances sur les habitudes des populations et sur leur état de santé et (iv) de connaître la mobilité de la population en lien avec les agents pathogènes.
Pour l’année 2018, les activités du SSDS seront axées sur différents projets tels :
- le projet lié à la vaccination néonatale contre l’Hépatite B en Afrique (NeoVac) ;
- la modélisation de la dynamique du paludisme en rapport avec la mobilité de la population à Madagascar ;
- le projet BIRDY
- le dépistage et la prise en charge de l’hypertension pendant la grossesse incluant l’évaluation des outils innovants dans le dépistage de l’hypertension et de la pré-éclampsie ;
- L’identification des déterminants de l’accessibilité aux soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans (MCH) et la traque des risques sanitaires de l’Océan Indien (TROI) avec une approche « One Health ».
Par ailleurs, le SSDS de Moramanga va intégrer le réseau mondial INDEPTH ou International Network for the Demographic Evaluation of Populations and Their Health. Créé en 1998 avec 17 sites, ce réseau de SSDS a été déclaré ONG Internationale en 1999 et compte actuellement 52 sites répartis dans 3 continents : Afrique, Asie, et Océanie. L’intégration dans ce réseau permettra au SSDS de Moramanga d’accroître sa visibilité, de développer ses collaborations et de bénéficier d’expériences au niveau international.