Paludisme

Hétérogénéité spatiale des facteurs de risque de contracter le paludisme à Madagascar

Le paludisme est une maladie infectieuse qui est transmise à l’homme par les piqûres de moustiques anophèles femelles, infectées par les parasites du genre Plasmodium. Le paludisme demeure un problème majeur de santé publique à Madagascar. En effet, malgré les efforts déployés à l’échelle du territoire, impliquant notamment l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée (MILDs) et la pulvérisation intra-domiciliaire d’insecticides, la morbidité et la mortalité dues au paludisme restent en augmentation ces dernières années et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la majorité de la population malgache est à risque de contracter le paludisme.

La transmission du paludisme est hétérogène sur la grande île. Divers facteurs écologiques et climatiques, des facteurs démographiques ainsi que des facteurs socio-économiques influencent cette transmission. Dans une étude récente, publiée dans la revue scientifique Malaria Journal1, des chercheurs malgaches et américains ont analysé le lien entre ces différents facteurs et la survenue de cas de paludisme dans quatre régions, présentant différents profils de transmission de la maladie à Madagascar : une région où la transmission est pérenne (Sud-est), deux régions caractérisées par une transmission plutôt saisonnière (Sud-ouest et Côte ouest) et une région des hauts plateaux de Madagascar où la transmission est épisodique. Cette étude a été le fruit d’une collaboration entre l’Unité d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), l’organisation Madagascar Health and Environmental Research (MAHERY) et la Harvard T.H. School of Public Health, aux Etats-Unis.

En associant les données entomologiques aux données démographiques et socio-économiques collectées dans 24 localités en 2017, les chercheurs ont montré que les facteurs de risque associés à la survenue du paludisme varient largement dans les régions étudiées. Ils ont montré par exemple que la présence de larves d’anophèles à proximité des zones d’habitations augmentait le risque d’infection par les parasites du paludisme dans les régions du Sud-est et du Sud-ouest de Madagascar, mais pas dans la région ouest. La différence pourrait être due aux pratiques agricoles différentes dans ces régions.

Le Programme National de Lutte contre le Paludisme préconise d’adapter les mesures de lutte aux divers faciès épidémiologiques rencontrés à Madagascar. Cette étude a révélé que la mise en œuvre de stratégies de prévention et de lutte antivectorielle spécifiques à chaque région, telles que par exemple l’utilisation de larvicides dans les régions du Sud-est et Sud-ouest ou bien le renforcement de la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides dans la région ouest, pourraient contribuer à améliorer la lutte antipaludique.

1Variation in Anopheles distribution and predictors of malaria infection risk across regions of Madagascar. Arisco NJ, Rice BL, Tantely LM, Girod R, Emile GN, Randriamady HJ, Castro MC, Golden CD. Malar J. 2020 Sep 29;19(1):348. doi: 10.1186/s12936-020-03423-1