Formation
Projet RISE

Projet RISE / Zoom sur les activités mCCM : Gestion communautaire des cas de paludisme à Madagascar

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 2021, l’Afrique concentrait 95 % des cas de paludisme. A Madagascar, la même année, le paludisme était la première cause de consultation et la 8ème cause de mortalité infantile, d’où l’importance d’adopter de nouvelles stratégies pour lutter efficacement contre ce fléau qui ravage encore autant de vies. Dans cette optique, dans son plan stratégique 2018-2022, le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) prévoyait d’étendre la prise en charge communautaire du paludisme à tout âge. En effet, la prise en charge communautaire intégrée des cas de paludisme chez les moins de 5 ans est déjà effective à Madagascar. Pour évaluer l’efficacité et la faisabilité d’une telle stratégie, l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) a  appuyé le Ministère de la Santé Publique dans la réalisation de l’Etude mCCM : « Evaluation de la faisabilité et de l’efficacité de l’extension de la prise en charge communautaire du paludisme non compliqué à tout âge », financée par l’Initiative Présidentielle des Etats-Unis contre le Paludisme à travers le Projet RISE (Recherche, Innovation, Surveillance et Evaluation).

Cette étude a débuté par des enquêtes Baseline en octobre 2019 (étude de base visant à établir une base de données) pour dresser un état des lieux du paludisme dans le district de Farafangana dans la région du Sud-Est de Madagascar, considéré comme étant une zone rouge du paludisme. L’intervention, c’est-à-dire la prise en charge du paludisme non compliqué par les agents communautaires a ensuite été mise en place en octobre 2020 comme l’explique le Dr Andres Garchitorena, co-investigateur principal de l’étude mCCM : « Dans le cadre de l’étude mCCM, nous avons fait une enquête de base chez 1600 ménages dans le district de Farafangana pour estimer les indicateurs d’accès aux soins et de prévalence du paludisme. Ensuite, à la fin de l’année 2020, nous avons fait une intervention en deux bras. Un bras concernait la prise en charge par les agents communautaires du paludisme au niveau de tous les âges et l’autre bras concernait la prise en charge habituelle, c’est-à-dire simplement les enfants de moins de 5 ans. A la fin de l’étude en 2021, dans une enquête Endline réalisée dans 1600 ménages, nous avons répété la même enquête pour estimer différents indicateurs. »

Mahefa Andrianasolomanana, responsable de la Lutte contre le Paludisme dans le district de Farafangana nous a partagé ses observations sur terrain quant à l’impact de l’intervention : « Depuis la mise en œuvre de l’étude mCCM, nous avons constaté une augmentation des cas de paludisme efficacement pris en charge grâce aux intrants médicaux qui ont été fournis. Nous avons également noté une baisse considérable des cas graves de paludisme recensés au niveau des CSB. Cette baisse avoisine les 20%. Quant au taux de décès dus au paludisme, il a par la même occasion diminué. »

Les résultats préliminaires de cette étude ont été partagés au Ministère de la Santé Publique et aux différents partenaires œuvrant dans la lutte contre le paludisme. L’étude mCCM conforte le positionnement et la visée du Projet RISE qui a pour objectif de susciter une prise de décision en santé publique basée sur des données scientifiques obtenues grâce à des recherches opérationnelles à Madagascar.

Dr Andrès a ajouté : « L’intérêt de l’étude mCCM est de réaliser une étude pilote dans un district endémique de Madagascar pour avoir des informations sur la façon dont cette intervention marcherait, pour éventuellement, si les résultats sont favorables, pouvoir la mettre à l’échelle au niveau national, ce qui fait partie du Plan National de Lutte contre la Paludisme pour ces prochaines années. Cela permettrait non seulement d’augmenter le taux de prise en charge et d’accès aux soins pour le paludisme mais aussi potentiellement de contribuer à réduire la prévalence de cette maladie. »

Une restitution finale des résultats de cette étude doit se tenir au début du mois de juin. Ce sera aussi l’occasion pour les partenaires de la lutte contre le paludisme de se mettre autour de la table et de discuter du déroulement de la mise en œuvre de la prise en charge communautaire à tout âge suivant le plan défini par le Programme National.