EPI-ENISM 2014 Enquête nationale sur l’iode et le sel à Madagascar 2014

Contexte et justification

A l’échelle mondiale, les carences en fer, en vitamine A et en iode touchent au moins un tiers de la population mondiale, surtout celle vivant dans les pays en développement. L’iode est un micronutriment essentiel pour la croissance et le développement du système nerveux central et de l’os. La forme la plus connue de la carence en iode est le goitre, les symptômes les plus redoutables sont les lésions cérébrales qui atteignent les nouveau-nés. Afin de combler et réduire la carence en iode, de nombreux pays ont adopté  la politique d’iodation universelle du sel (IUS). Cette politique d’IUS a été adoptée par le Gouvernement malgache en septembre 1995 (décret N° 95-587 du 05/09/1995). Cependant, aucune donnée permettant d’apprécier l’impact de cette politique n’est disponible à Madagascar. La réalisation d’une enquête nationale s’est avérée indispensable afin de pouvoir identifier des axes pour améliorer le programme national d’iodation du sel.

Objectifs

  • déterminer le statut en iode de la population malagasy par la mesure de la concentration d’iode urinaire (CIU) ;
  • évaluer la proportion de ménages disposant de sels adéquatement iodé par un dosage quantitatif ;
  • estimer le niveau de consommation de sel et de sodium dans un échantillon réduit de la population.

Méthodes

Il s’agit d’une enquête transversale avec un échantillonnage basé sur un sondage stratifié en grappes à 2 degrés, avec probabilité proportionnelle à l’effectif de la population. Toutes les femmes âgées de 15 à 49 ans, résidants et présentes dans les ménages sélectionnés au moment de l’enquête ont été invitées à participer à l’enquête. La collecte de données a été basée sur l’administration d’un questionnaire électronique renseignant sur les déterminants potentiels du statut en iode, des prélèvements d’échantillon d’urine auprès de chaque femme, et de sel alimentaire pour chaque ménage. La mesure de la CIU a été réalisée par la réaction de Sandell-Kolthoff modifiée au niveau du Laboratoire d’Hygiène des Aliments et de l’Environnement de l’IPM (LHAE). La détermination de la teneur en iode du sel alimentaire a été menée par la méthode de titrage iodométrique au niveau du Laboratoire de nutrition du Ministère de la santé publique. Le contrôle qualité externe de ces résultats a été effectué au niveau du Laboratoire de Nutrition Humaine de l’Institut Fédéral de Technologie (ETH) en Suisse. Le dosage du sodium urinaire a été réalisé par la méthode de potentiométrie directe sur Konelab Prime 30 et 60 au Centre de Biologie Clinique de l’IPM.

Résultats et discussion

Environ 1292 ménages répartis dans 90 Fokontany ont été visités et 1733 femmes ont participé à l’enquête. Nos résultats ont montré une CIU médiane de 46µg/l (IIQ: 13-98 µg/l) en faveur d’une déficience en iode modérée. Chez les femmes enceintes, la CIU médiane n’a été que le tiers de la valeur recommandée pour cette catégorie de population de l’ordre de 53,4µg/l (IIQ: 9-90 µg/l). La couverture des ménages en sel adéquatement iodée a été faible de l’ordre de 21,3% (IC 95% : 15.5-27.1%). La médiane de la CIU des femmes vivant dans les ménages utilisant du sel adéquatement iodés a été significativement plus élevée que celle utilisant du sel dont la teneur en iode a été inadéquate (74µg/L versus 51µg/L). La consommation médiane de sel dans un échantillon de 199 femmes a été de 6,8g/24h (IIQ : 4,7g-9,8g/24h) correspondant à une consommation médiane en sodium de 2,7g/24h (IIQ: 1,9-4,0g/24h). En effet, nos résultats pourraient refléter l’impact au niveau individuel de la faible teneur en iode dans le sel utilisé dans les ménages, lequel aurait entrainé à son tour cette situation de déficience modérée en iode au niveau de la population.

Impact

Elle a permis de disposer de données de base sur le suivi du programme d’IUS à Madagascar après une dizaine d’année de sa mise en place. Suite aux résultats de l’étude (restitution en juin 2016), un atelier réunissant tous les acteurs a été réalisé, lequel a permis d’identifier les axes d’actions à court et à moyen termes pour améliorer le programme et aussi le statut nutritionnel de la population malagasy.