Entomo-G4-CV2 Etude de la compétence et de la capacité vectorielle des vecteurs du paludisme à Madagascar

Contexte et justification

La transmission de Plasmodium sp. dépend en partie de la compétence et de la capacité vectorielle des anophèles vecteurs.  La compétence vectorielle d’une espèce de moustique est définie comme l’aptitude de celle-ci à permettre le développement d’un pathogène, de son ingestion dans un repas sanguin à sa maturation dans ses glandes salivaires, lui permettant alors de transmettre le pathogène à une prochaine « proie ». Cette compétence vectorielle peut varier pour une espèce de moustique en fonction du pathogène considéré. A Madagascar, les données entomologiques de terrain ont de longues dates impliquées An. gambiae, An. arabiensis, An. funestus et An. mascarensis. Cependant, aucune donnée n’existe sur leur compétence vectorielle respective vis-à-vis de chacune des deux espèces majeures responsables du paludisme : P. falciparum et P. vivax.

Objectifs

C’est dans un tel contexte que nous proposons de développer à l’Institut Pasteur de Madagascar dans une approche multidisciplinaire, des études entomologique,  parasitologique, et immunologique approfondies pour une meilleure compréhension de la compétence et de la capacité des vecteurs du paludisme.

Méthodes

Pour mesurer la capacité vectorielle, des captures de moustiques ont été faites tous les mois depuis juillet 2015 et vont se poursuivre jusqu’en juin 2017 dans le district de Marovoay. Deux techniques de capture ont été utilisées : les captures directes sur homme (AHN) et les faunes résiduelles (FR). Pour mesurer la compétence vectorielle, différentes espèces anophéliennes (An. arabiensis, An. mascarensis, An. funestus et An. coustani) maintenues en élevage ont été directement infectées à partir du sang d’un porteur de gamétocytes via un système d’infection artificielle, la « Standard Membrane Feeding Assay » (SMFA).

Résultats et discussion

L’étude sur la capacité vectorielle a montré que le système vectoriel est beaucoup plus complexe que prévu. Plusieurs espèces vivant en sympatrie assurent la transmission du paludisme. Ces espèces présentent des dynamiques de transmission différentes régulées par les facteurs environnementaux tels que la pluviométrie, l’humidité relative.

Sur 912 enfants dépistés, 116 (12,7%) ont été positifs en TDR dont 82 (9%) confirmés par goutte épaisse (GE) ; parmi eux, 95,1% (78) étaient dus à P. falciparum, 2,4% (2) à P. vivax, 1,2% (1) à P. malariae. Les taux d’infections oocystiques à J7 post infection ont varié entre 5% et 18% (Figure 1).

Figure 1 : Variations du taux d’infection oocystiques chez les différentes espèces anophéliennes.

Impact

L’expertise ainsi acquise, sera mise à disposition pour des programmes de recherche clinique visant à tester l’efficacité de combinaisons thérapeutiques ou vaccins bloquant la transmission.