Entomo-resist Etude de la résistance aux insecticides d’Aedes albopictus et d’Aedes aegypti dans six régions de Madagascar

Contexte et justification

Aedes aegypti et Ae. Albopictus sont les principaux vecteurs épidémiques de la dengue (DEN), du chikungunya (CHIK) et du virus Zika dans le monde. Leur contrôle pendant les périodes épidémiques repose principalement sur le contrôle des larves et des adultes avec des insecticides. Malheureusement, la perte de sensibilité des deux espèces à plusieurs classes d’insecticides limite l’efficacité des interventions et constitue un obstacle aux programmes de contrôle DEN et CHIK. Cependant, peu de données concernant la sensibilité aux différentes molécules utilisées en santé publique contre ces deux vecteurs sont disponibles.

Objectifs

Cette recherche a pour but d’étudier l’état de la résistance aux insecticides chez ces espèces afin de guider nos activités opérationnelles et de choisir le meilleur choix de produits chimiques pour être appliquer sur le terrain pour la lutte anti-vectorielle. Pour Madagascar, six sites appartenant à six districts ont été étudiés : Antananarivo ville, Antsiranana, Farafangana, Mahajanga, Morondava et Toamasina.

Méthodes

Des récoltes d’œufs et de larves des deux espèces ont été menées de novembre 2015 à mars 2016 puis de novembre 2016 à janvier 2017 dans chaque site d’étude. Larves et œufs ont ensuite été ramenés dans le laboratoire de I’PM pour faire des élevages et avoir le nombre d’individus nécessaires pour faire des bio essais. Le DDT (4%), la Deltamethrine (0.05%), le Fenitrothion (0.5%) et le Propoxur (0.1%) ont été utilisés pour les adultes, et le Temephos et Bti (Bacillus thuringiensis israelensis) avec différentes concentrations (0,005mg/l; 0,025mg/l; 0,125mg/l; 0,625mg/l pour Temephos et 0,01mg/l; 0,02mg/l; 0,03mg/l et 0,04mg/l pour Bti) ont été utilisés pour le test de la résistance des larves auxinsecticides. La technique utilisée pour les adultes est celle des tests en tubes OMS en suivant les recommandations de manipulations correspondantes. Pour l’interprétation des résultats: une mortalité ≥80% correspond à une sensibilité phénotypique.

Résultats et discussion

Les gîtes larvaires des deux espèces sont composés de gîtes artificiels, tels les trous dans les pieds de palmiers, de vieux pneus, des contenaires artificiels (seaux abandonnés, noix de coco, …). Les adultes sont trouvés dans des fourrés naturels composés d’arbustes et de bananiers, de champs de cocotiers, de mangues…(Figure 1)

Figure 1. Quelques types de gîtes larvaires et d’adulte d’Aedes

Pour les bioessais sur des adultes d’Ae. albopictus, Antananarivo et Farafangana démontrent une résistance phénotypique avec la Deltamethrine (0,05%). Pour le cas d’Ae.s aegypti, elle a seulement été retrouvée à Antsiranana avec un nombre réduit, les résultats obtenus ne pouvant donc pas être interprétés. Pour les larves, dans le cas de Temephos, à Antananarivo, Farafangana, et Mahajanga, la concentration 0,025mg/l démontrent une efficacité < 19%, à Antsiranana et Toamasina, seule la concentration à 0,625mg/l démontre une efficacité >80%. Et enfin, à Morondava, toutes les concentrations sont efficaces. A Mahajanga, toutes les concentrations sont efficaces, sauf pour 0,025mg/l de Temephos. Dans le cas de Bti, toutes les concentrations sont efficaces pour les six sites d’études.

En général, dans les six sites étudiés, Ae. albopictus prédomine. C’est seulement à Antsiranana que nous avons trouvé les deux espèces en sympatrie avec un nombre moindre pour Aedes egypti. En l’état actuel des résultats des tests, la détection de résistance phénotypique chez les larves et adultes d’Aedes renseignent déjà sur la présence de la résistance à Madagascar. Toutefois, des tests moléculaires et biochimiques seront entrepris pour confirmer ces résultats et déterminer les différents gènes impliqués dans la résistance.

Impact

La connaissance de la présence de résistance aux insecticides chez les vecteurs d’arbovirus d’informer le Ministère de la Santé Publique, qui est responsable des luttes anti-vectorielles à Madagascar. Elle permettra de justifier le choix des types d’insecticides à utiliser sur le terrain pour maintenir l’efficacité de la lutte anti-vectorielle.