Viro-Zika Investigation et Diagnostics Zika

Contexte et justification

Suite à l’émergence du virus Zika en Février 2016 et la déclaration de l’Organisation Mondiale de la Santé qualifiant cette émergence comme urgence de santé publique d’intérêt international, Madagascar a été identifié comme pays vulnérable en Afrique. En collaboration avec le Ministère de la Santé Publique de Madagascar, l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) s’est impliqué dans le plan de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie à Madagascar.

Objectifs

L’objectif du projet a été d’identifier des signes d’une circulation passée ou présente du virus Zika dans la population malagasy. Les activités effectuées ont consisté à :

  • Rechercher une circulation passée du virus Zika à Madagascar ;
  • Renforcer la surveillance des cas de microcéphalie, pathologie associée à l’infection de ce virus, dans les centres de maternités de Madagascar ;
  • Renforcer la surveillance des cas actifs au niveau des sites biologiques du réseau sentinelle de la surveillance des fièvres.

Méthodes

Une analyse rétrospective pour la recherche d’une circulation du virus Zika a été effectuée à partir de collections de sérums, d’individus sains et de patients symptomatiques, disponibles à l’Unité de Virologie de l’IPM;

Une investigation et une recherche de l’infection par le virus Zika ont été faites chez des mères de cas suspects de microcéphalie à la maternité de l’Hôpital d’Itaosy à Antananarivo.

Une surveillance prospective des cas actifs d’infection potentielle par le virus Zika et des microcéphalies a été mise en place à partir du 6 avril 2016, dans le cadre du réseau sentinelle, en collaboration avec l’Unité d’Epidémiologie de l’IPM et le Ministère de la Santé publique.

Test biologique : Le diagnostic moléculaire et le diagnostic sérologique de l’infection par le virus Zika ont été mis en place à l’IPM. Les recherches d’ARN viraux et d’anticorps (IgG et IgM) ont été effectuées à l’IPM, en collaboration avec l’Institut Pasteur à Paris et le Centre National de Reference des Arbovirus de Marseille (France).

Tous les échantillons ont été testés par des analyses moléculaires et sérologiques. L’ARN extrait a été analysé par l’intermédiaire d’une RT-PCR spécifique pour la recherche de l’ARN du virus Zika ainsi que par une multiplex RT-PCR pour le diagnostic différentiel avec d’autres arboviroses (Dengue, Chikungunya). Les échantillons ont aussi été testés pour la présence d’anticorps dirigés contre le virus Zika virus évoquant une infection récente (IgM) ou passée (IgG).

Résultats et discussion

L’analyse rétrospective sur une collection d’individus adultes sains représentatifs de la population générale de Madagascar (Collection ZORA) a indiqué la présence de 1,1% (10/930) de sujets IgG positifs. L’analyse rétrospective sur trois séries de patients avec une symptomatologie correspondant à la définition de cas d’infection Zika (Collections « Etiologie des fièvres », « Arbovirus » et « Rougeole ») a montré une séroprévalence en IgM, respectivement de 3% (2/65), 2,3% (2/87) et 2,8% (29/1023). Cependant ces résultats nécessitent d’être confirmés avec des méthodes additionnelles (e.g. méthode sérologique Luminex ; immunofluorescence; séro-neutralisation..). Ces analyses sont en cours.

Au cours de l’investigation qui a eu lieu en juin 2016 au Centre de maternité de l’Hôpital d’Itaosy à Antananarivo, les mères de 20 enfants présentant des microcéphalies, ont été prélevées pour effectuer le diagnostic d’infection par le virus Zika. Malgré la présence de traces d’anticorps IgG chez trois des mères d’enfants présentant une microcéphalie, une infection active Zika a pu être exclue parmi les individus testés.

La recherche active des cas récemment infectés et des cas de microcéphalies a été menée grâce au système de surveillance du réseau sentinelle dans le pays. Cependant, très peu de cas (10) ont été trouvés.

Impact

La recherche des traces moléculaires ou sérologiques du virus Zika à Madagascar reste d’une importance cruciale pour renseigner sur une circulation présente ou passé du virus et mettre en place des mesures de prévention adaptées.