Peste-ASM-MJG Suivi épidémiologique de la population du Vallon Metzinger et ses abords à Mahajanga

Contexte et justification

La mise en place d’infrastructures d’assainissement dans les quartiers défavorisés de Mahajanga répond à des enjeux forts dans une ville caractérisée à la fois par une fréquence élevée de maladies liées à l’eau- et par la circulation de maladies épidémiques liées à l’hygiène comme la peste et le choléra. Une étude sur les parasitoses digestives réalisée au Centre Hospitalier Universitaire de Mahajanga par P. Buchy en 1996-1997 (étude dépassant donc le seul cadre de la ville) a montré que sur 401 échantillons de selles provenant de patients atteints de pathologie digestive, les protozoaires (47,7 %) et nématodes (23,4 %) étaient particulièrement fréquents (Buchy P., 2003). La sérologie amibienne était positive chez 31,2 % des patients et les examens microscopiques étaient positifs dans 12,5 % des cas. La paralysie du service de ramassage des ordures à Mahajanga en 1990 a été à l’origine de la prolifération de rongeurs qui a fait le lit de la peste un an après. Actuellement, des épidémies de diarrhées et de zoonoses liées à la pullulation des rats, en raison d’importantes lacunes et lenteurs dans le ramassage des ordures, sont à craindre.

La question de l’assainissement tant du point de vue de l’accès à l’eau potable, que de l’évacuation des eaux usées et plus généralement de l’évacuation des déchets constitue un enjeu fort de santé publique. Par sa dimension multiforme, la mise en place d’infrastructures d’assainissement peut alors générer un bénéfice en termes de santé publique : modification de la fréquence et de la distribution des affections digestives bactériennes et parasitaires, des diarrhées et de la malnutrition infantiles, modification des dynamiques de populations de rongeurs.

Objectifs

Depuis 2013, l’IRCOD à travers le projet ASSMA (Assainissement à Mahajanga) a mis en place à Mahajanga un vaste programme d’assainissement visant à améliorer l’accès de la population aux équipements sanitaires de base et le ramassage des ordures. L’objectif de ce projet est d’évaluer l’impact sanitaire de l’amélioration de l’accès durable à l’assainissement de base (latrines, collecte d’ordures, information-éducation-communication dans le domaine de l’hygiène et de la santé), en particulier sur (i) l’incidence des diarrhées, (ii) la prévalence des infections parasitaires intestinales opportunistes, (iii) la séroprévalence de la leptospirose et de la cysticercose (iv) les densités de rats et de puces et autres indicateurs de risque d’apparition de la peste, ainsi que  (v) la qualité de l’eau.

Méthodes

Une enquête AVANT/APRES l’installation des infrastructures d’assainissement a été réalisée sur les personnes et les ménages habitants le Vallon Metzinger et ses abords, bénéficiaires ou non d’assainissement durable ainsi que des zones voisines ne bénéficiant pas d’interventions. L’évaluation après installation a été effectuée en août 2016 pour le volet rongeur et en décembre 2016 pour le volet parasitoses intestinales (tableau ci-dessous).

Résultats et discussion

PARASITES 2014 (N=728) 2016 (N=633)
Entamoeba coli 120 134
Giardia 72 116
Trichocéphale 40 32
Levures 40 42
E. hartmani 15 40
Ascaris 13 11
Hymenolepis nana 3 7
Strongyloides  stercoralis 0 2
E. histolytica 0 1
Schistosoma mansoni 1 0

Aucune différence significative n’a été observée entre la prévalence globale des parasitoses avant l’installation des infrastructures sanitaire (2014) et celle après installation (2016). Cependant, une différence significative a été observée sur l’abondance des rats avant et après assainissement (rendement de piégeage RC=17.4%) et après assainissement (RP=6%) (p<2.2e-16)Ces analyses préliminaires n’ont pas permis d’appréhender l’impact de l’installation des infrastructures sur l’état de santé de la population. Les données sont en cours de traitement.

Impact

Cette étude épidémiologique permettra de cibler l’action d’assainissement menée par l’IRCOD de façon plus efficace et cohérente, de mesurer les incidences sur la santé des populations et de tirer des recommandations pour la lutte contre les maladies liées à l’hygiène et l’assainissement.