Publication

Eléments de la lutte ecologique anti-bilharziose a Madagascar

Auteurs
BREUIL J., MOYROUD J., COULANGES P.
Journal
Archives de l'Institut Pasteur de Madagascar
Date de publication
1983

La Schistosorniase est aujourd’hui considérée, avec le paludisme, comme l’une des parasitoses humaines les plus répandues (2) : l’Organisation Mondiale de la Santé estime en 1981 à près de cinq cents millions la population exposée au risque de contracter la maladie, répartie dans 73 pays où elle sévit a l’état endémique. En se basant sur la prévalence estimée et la taille des régions, d’endémie, les pays les plus touchés sont :

– En Afrique: Angola, RCA, Tchad, Egypte, Ghana, Madagascar, Malawi,

– En Amérique du Sud : Brésil

– En Asie du Sud Est : Philippines

– En Asie du Sud Ouest : Yemen.

En 1972, dans une étude sur l’impact économique des schistosomiases, Wright, après avoir calculé qu’approximativement 124.906.000 personnes sont infestées, dont 91.267.000 en Afrique (Madagascar compris), alors que 522.470.000 personnes sont exposées à l’infestation, estime que la perte annuelle totale résultant du manque de productivité entraîné peut être évaluée à US lS 641.790.130, compte non tenu du coût des programmes de santé, des soins médicaux ni des indemnités éventuellement versées. En 1981, selon l’OMS, 1 ou 2 p. 100 au maximum du nombre des cas mondiaux estimés a pu bénéficier d’un traitement médical.
*-Médecin Volontaire Service Nationalr-Institut Pasteur.
** – Médecin – Institut Pasteur.
..* -Médecin en Chef Service Santé des Armées – Chef Division Bilharziose (S.L.M.T.).

En 1976, 60.000 km2 seulement d’étendue d’eau, repartis dans 15 pays, ont pu subir un traitement par molluscicide, essentiellement le Niclosamide.

C’est avant tout par le prix de revient des produits employés (qui ne cesse d’augmenter) que peut s’expliquer la faiblesse de ces chiffres : peu de pays où sévit à l’état endémique la parasitose (dans leur immense majorité pays en voie de développement) peuvent acquérir ces produits en quantité nécessaire, puis supporter les frais importants entraînés par leur distribution.

Il apparaît dès lors primordial de chercher à introduire des éléments peu onéreux dans des programmes de lutte qui feront de toute façon appel aux éléments traditionnels de la lutte contre la bilharziose. C’est à l’étude de quelques uns de ces éléments, qui nécessite souvent une bonne connaissance des réalités locales, que nous nous attacherons ici.

1.2.    Importance de la bilharziose à Madagascar (rappel).
1.2.1. Bilharziose urinaire.
P. COULANGES (12) indique en 1977 qu’il ne doit pas y avoir beaucoup plus de 200.000 bilharziens urinaires dans l’île : cette bilharziose, qui conceme1.236.606 habitants (17 p. 100) est susceptible d’en affecter 508.924 de plus, ce qui représente son aire d’extension possible.

Cette parasitose, qui ne touche pas 75 p. 100 de la population, respecte les hauts plateaux et la côte Est, zones souvent très peu- plées et où les conditions lui sont hostiles.
1.2.2. Bilharziose intestinale.

Selon le même auteur, le nombre total des parasités ne doit guère dépasser 350 à 400.000 au maximum. Cependant, 66 pour cent de la population sont soumis à un risque réel ou éventuel et constituent l’aire d’extension de cette parasitose qui atteint la
côte Est et les hauts plateaux. L’agglomération d’Antananarivo est jusqu’à présent idemne.