Publication

Tentatives d’appréciation du retentissement socio-économique des schistosomiases à Madagascar

Auteurs
Breuil J, Moyroud J, Coulanges P
Journal
Archives de l'Institut Pasteur de Madagascar
Date de publication
1983

Madagascar parait actuellement être, selon certains experts de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’un des pays Africains où les connaissances sur les bilharzioses sont les plus étendues.

Il existe cependant un décalage, qui chaque jour s’accentue, entre la somme des connaissances scientifiques acquises sur la parasitose et l’importance épidémiologique de plus en plus grande que revêt cette même maladie.

D’un côté, en effet, on connait de mieux en mieux l’épidémiologie des bilharzioses malgaches; l’écologie de leurs hôtes intermédiaires, la dynamique des infestations. De ces nouvelles connaissances peuvent souvent être déduits des moyens pour lutter contre la maladie et compléter l’action de nouveaux médicaments qui ont fait sur le terrain la preuve de leur efficacité et de leur facilité d’emploi.

D’un autre côté, et dans le même temps, de nouveaux foyers éclosent (Itasy, Ampanihy) – et d’anciens s’étendent (Région du Bas Mangoky).

L’explication d’un tel phénomène est aisée, et essentiellement économique; les médecins doivent, partout dans le monde, se plier aux exigences économiques locales et internationales : E.R. Brygoo n’écrivait-il pas, dès 1968, qu’«avec des moyens illimités il ne serait pas utopique de faire disparaître la bilharziose d’un foyer endémique » ?.

Des choix doivent donc être faits, et le sont pratiquement, par les économistes, pour répartir entre différentes priorités des crédits qui ne sont pas extensibles.

Le niveau de la Santé Publique d’un pays dépend de ces choix; il est important que ces derniers ne soient pas le fait du hasard; le médecin l’épidémiologiste doivent donc fournir à l’économiste les renseignements indispensables à l’évaluation la plus exacte du retentissement social et économique de telle maladie sur le pays.

Pour une telle évaluation, il importe de fournir à l’économiste des renseignements sur :

  1. Le retentissement de la maladie sur l’individu;
  2. L’appréciation scientifique du rôle que peut jouer cette maladie (ici la bilharziose) dans le rendement au travail et la rentabilité économique;
  3. Les notions nécessaires à la comparaison entre coût engendré par la maladie et coût de la lutte (c’est à dire coût des traitements thérapeutiques, et des molluscicides employés, nécessaires à une réduction de x p. 100 de la prévalence ou à la protection de y personnes pendant une période déterminée).

Nous essayerons d’apporter ici, à ces questions, une ébauche de réponse pour Madagascar. Bien que conscients des imperfections obligatoires entraînées par de tels calculs, pour lesquels les données dont nous disposons sont souvent incomplètes et même parfois sujettes à caution, l’important n’est-il pas d’essayer d’apporter, dans la limite de nos moyens une mince contribution il l’édifice de la Santé Publique Malgache.