Publication

Rapport d’activités 2018

Journal
Rapport d'activités annuel
Date de publication
2019

Au 31 décembre 2018, l’IPM comptait 614 personnes dont 97% de nationalité malgache. Parmi elles, 24 sont des chercheurs statutaires nationaux, et, plus de 30 médecins, pharmaciens ou ingénieurs, ont une activité dans le domaine de la recherche. Treize personnes étaient détachées du Ministère de la santé publique. Parmi les expatriés, cinq sont des experts techniques internationaux (ETI) du Ministère français de l’Europe et des affaires étrangères, un est un ETI d’Expertise-France, quatre sont du personnel mis à disposition par l’Institut Pasteur à Paris, et deux sont des chercheurs du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

L’objectif de l’IPM est de contribuer à la prévention et au traitement des maladies et au développement économique par des activités de recherche, de formation et de santé publique. Ses missions s’articulent autour de quatre axes : recherche, santé publique, services et formation.

Les principales thématiques de recherche concernent différents problèmes de santé publique à Madagascar et dans l’Océan Indien (peste, paludisme, tuberculose, arboviroses, poliomyélite, grippe, schistosomiases…).

En 2018, les activités de recherche ont été valorisées par 51 articles publiés par des scientifiques affiliés à l’IPM dans des revues internationales référencées à comité de lecture dont 27 en tant que premier ou dernier auteur.

Simultanément à leurs activités de recherche, les laboratoires sont engagés dans des activités de santé publique à travers les 10 centres de référence qu’ils hébergent :

  • le Centre collaborateur OMS pour la peste ;
  • reconnus par l’OMS, le centre national de référence pour la grippe et les laboratoires nationaux de référence pour (i) la poliomyélite, (ii) et pour la rougeole et la rubéole ;
  • les centres nationaux de référence pour (i) le choléra, les salmonelles et les shigelles, et (ii) les mycobactéries ; -les laboratoires nationaux de référence pour (i) les arbovirus et virus des fièvres hémorragiques, (ii) la rage, (iii) l’analyse des eaux dans les industries agro-alimentaires et de contrôle des denrées animales ou d’origine animale
  • le Centre biologique national de référence de la surveillance aux antibiotiques (CBNR-AMR).

L’IPM a la particularité d’héberger 3 structures du Ministère de la santé publique : le Centre national de référence des mycobactéries, le Laboratoire central de la peste, le Laboratoire central de la bilharziose.

Enfin l’IPM, toujours dans le domaine de la santé publique, assure gratuitement la prise en charge antirabique dans son Centre de traitement antirabique à Antananarivo et l’approvisionnement en vaccin antirabique des 30 centres antirabiques du Ministère de la santé publique.

L’IPM propose également des activités de services au bénéfice de la population à travers : le Centre de biologie clinique qui est ouvert, depuis octobre 2017, 24h/24 et 7j/7, le laboratoire d’hygiène des aliments et de l’environnement qui est le seul laboratoire de ce type à Madagascar accrédité par le Comité français d’accréditation pour la microbiologie des aliments et le centre de vaccinations internationales.

L’IPM mène de nombreuses activités de formation en participant à différents enseignements délivrés par les Universités d’Antananarivo (faculté de médecine et de pharmacie, faculté des sciences) et de Toliara. En 2018, l’IPM a été le terrain de stage pour 153 étudiants (dont 9 employés de l’IPM). Parmi eux 134  étaient de nationalité malgache. Parmi les 27 thésards en sciences, 25 étaient malgaches et 9 des employés de l’IPM.

 

Faits marquants de l’année 2018

Célébration du 120ème anniversaire de l’Institut Pasteur de Madagascar

Différents évènements ont été organisés pour célébrer le 120ème anniversaire de l’IPM (journées scientifiques, célébration officielle…). Cet anniversaire fait l’objet d’un volet spécifique de ce rapport.

Création de l’Unité d’Epidémiologie et de recherche clinque (EPI-RC) le 1er janvier 2018

En accord avec recommandations du Conseil scientifique de l’lnstitut Pasteur de Madagascar (2017), l’Unité d’Epidémiologie et l’Unité de Réalisation des Etudes Cliniques (UREC) ont été réunies le 1er janvier 2018 au sein d’une seule entité l’Unité d’Epidémiologie et de Recherche Clinique. Ce regroupement doit permettre à la nouvelle entité de développer un système plus efficace de soutien au montage d’études cliniques couvrant toutes les étapes clés de ce type de projets en incluant celles situées bien en amont de la seule phase de réalisation. Cette nouvelle organisation devrait assurer une optimisation des ressources, limiter les duplications et offrir aux chercheurs de l’UREC un cadre de travail ne les cantonnant plus à des activités de service mais leur permettant de développer leurs propres activités de recherche.

Le soutien aux recherches impulsées par les autres unités de l’IPM reste une mission essentielle de la nouvelle structure.

Visite du Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)

Le 8 janvier, l’Institut a eu l’honneur et le plaisir d’accueillir, le Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Dr Tedros ADHANOM GHEBREYESES, et la Directrice Régionale de l’OMS Afrique, Dr MATSHIDISO Rebecca MOETI, accompagnés par le Professeur Lalatiana ANDRIAMANARIVO, Ministre de la santé de Madagascar.

La visite faisait suite à l’épidémie de peste pulmonaire qui a sévi à Madagascar, de la fin du mois d’août à début novembre 2017. Durant cette épidémie l’PM s’était fortement mobilisé au travers notamment de l’Unité d’épidémiologie et de l’Unité Peste qui est Centre Collaborateur OMS (CCOMS) pour la peste.

Cette visite leur a permis d’échanger avec les membres de différentes équipes, mais également de découvrir le laboratoire de production des tests de diagnostic rapide et les différents volets d’expertises mobilisés au cours des épidémies : diagnostic biologique de la maladie, surveillance épidémiologique des cas de peste déclarés, études des rongeurs réservoirs de la peste, et des puces vectrices de cette maladie.

Fondation Rotary : Action Paludisme Madagascar 2017-2018

Dans le cadre de la lutte contre le Paludisme, l’IPM a reçu officiellement le 04 avril 2018 les dons de la Fondation Rotary. Cette « Action Paludisme Madagascar 2017-2018 » au profit de la recherche et de la formation permettra à l’IPM de poursuivre son implication dans la lutte contre le Paludisme et de guider efficacement la mise en œuvre des stratégies nationales de lutte contre le paludisme.

Depuis 2008, les Clubs Rotary du District 1660 (Paris et Ile-De-France Ouest) et le Rotary lnternational sont en partenariats avec l’lnstitut Pasteur (Direction Internationale) pour soutenir la recherche contre le paludisme à travers les Réseaux des lnstituts Pasteur. Cette « Action Paludisme Madagascar 2017-2018 » a été menée, organisée et coordonnée par le Dr Inès VIGAN-WOMAS, chef de l’Unité d’Immunologie des Maladies Infectieuses de l’IPM. Elle a permis, outre l’acquisition de matériel, la formation de scientifiques et d’acteurs de la lutte dans le domaine du paludisme.

La cérémonie de remise officielle des dons s’est déroulée en présence de la délégation du Rotary International de Paris menée par Madame Françoise DURAND.

6th African Network for Influenza Surveillance and Epidemiology (ANISE)

Cette manifestation internationale qui s’est tenu au Carlton Madagascar du 19 au 21 mars, placée sous le haut patronage du Ministère de la Santé de Madagascar a été coorganisée par le bureau exécutif d’ANISE, l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), la faculté de Médecine d’Antananarivo et les Centers for Disease Contrôle and Prevention (CDC), le tout sous la présidence du Dr Jean-Michel HERAUD, chef de l’Unité de Virologie de l’IPM et co-présidé par le Pr Francis HUNALD, vice-doyen de la Faculté de Médecine d’Antananarivo.Plus de 160 biologistes, épidémiologistes, responsables de la santé publique, cliniciens, vétérinaires, chercheurs, et étudiants issus de 38 pays d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis d’Amérique ont participé à ces trois jours de conférence. Les thématiques qui ont été abordées durant cette conférence étaient notamment : les capacités de surveillance de la Grippe en Afrique, la dynamique de la circulation du virus de la grippe dans les pays tropicaux, le fardeau de la grippe au niveau communautaire en Afrique, les disponibilités des vaccins et mise en œuvre de la vaccination dans les pays Africains, le virus de la grippe à l’interface homme-animal : Approche One-Health.

Epidémie de rougeole de grande ampleur ayant débuté en septembre 2018

L’année 2018 a été marquée par la survenue de la première épidémie majeure de rougeole depuis la mise en place de la vaccination anti-rougeoleuse par le Programme Elargie de la vaccination en 2004. La dernière épidémie de rougeole datait de 2003.

Selon l’OMS, du 3 septembre 2018 au 11 mai 2019, 145 136 cas ont été enregistrés dont 19 302 cas compliqués, 1 349 cas avec IgM positifs. La létalité était de 0,63%.

La confirmation biologique des cas est assurée par le Laboratoire national de référence OMS de l’Unité de virologie de l’IPM qui est le seul laboratoire en capacité de réaliser le diagnostic biologique de la rougeole.

Fin du groupe à 4 ans en entomologie « G4 Malaria Group » le 30 septembre 2018.

Le 30 septembre 2018 a pris fin le  « G4 Malaria Group » de M. Ousmane NDIATH dont l’objectif était l’étude de la compétence et de la capacité vectorielle des anophèles. Ce G4 avait été mis en place initialement à l’Institut Pasteur de Bangui en 2014. Compte tenu de la situation dans le pays qui rendait difficile les enquêtes entomologiques, il avait été décidé d’implanter cette structure à l’IPM. Le groupe avait bénéficié d’une prolongation de 12 mois en 2017.

Accréditation initiale du Centre de Biologie Clinique (CBC)

Accréditation de ce laboratoire d’analyses médicales selon la norme NF EN ISO 15189 : 2012 et la certification ISO 9001 pour une période de quatre ans à compter du 1er décembre 2018. Ce beau résultat vient couronner le travail important effectué depuis plusieurs années par le personnel de ce laboratoire, notamment des médecins biologistes, et celui du Service Hygiène, sécurité, qualité et environnement. Il s’agit à notre connaissance du premier laboratoire d’analyses médicales accrédité au sein du RIIP.

Extension de l’accréditation du  Laboratoire d’Hygiène des Aliments et de l’Environnement (LHAE)

Le Laboratoire d’Hygiène des Aliments et de l’Environnement est accrédité COFRAC depuis juin 2007. Il poursuit actuellement son 3ème cycle d’accréditation qui devrait se terminer en 2022 (portée disponible sur www.cofrac.fr). L’audit en mars 2018 a vu confirmer l’accréditation des analyses physico-chimiques de l’eau, et des nouvelles versions des méthodes de recherche pour Salmonella spp., Listeria monocytogenes et Cronobacter spp.

Dysfonctionnement des systèmes informatiques

Une panne informatique de grande ampleur liée à un problème de matériel et pénalisant l’utilisation de la messagerie a eu lieu au cours de l’été 2018. Dans les suites, un audit a été mené permettant de détecter les sources de défaillances afin d’y remédier. Cette défaillance vient s’ajouter à différents problèmes récurrents (lenteur d’accès internet…) qui font de ce sujet un chantier important de l’IPM qui devrait nécessiter des investissements conséquents.

 Finances de l’Institut

Après 3 années de résultats négatifs de 2014 à 2016 et un résultat à l’équilibre en 2017, l’IPM renoue en 2018 avec un résultat positif (245 679 €).

La situation de l’IPM reste fragile et notamment sa trésorerie qui est interdépendante de nombreux facteurs : évolution de l’activité et paiements des fournisseurs en euros et par anticipation, préfinancement des projets de recherche de certains bailleurs, financement sur fonds propres des investissements, volatilité de la devise ariary, part de l’Etat dans la composition des créances, charges de l’IPM au profit de la santé publique (CTAR, investigations épidémiques…).

Le modèle économique de notre Institut reste trop tributaire de ses recettes sur fonds propres et, celui-ci a besoin plus que jamais de l’engagement de l’Etat malgache, de son appui et son soutien financier peut-être au-delà même de celui prévu par certaines dispositions de la convention de 1961.

Pour conclure

Comme la lecture des pages suivantes le démontre les activités de l’Institut en 2018 ont été intenses. Ainsi donc, après 120 ans de présence sur la Grande Ile, l’Institut Pasteur de Madagascar, membre du Réseau International des Instituts Pasteur, poursuit ses missions, fidèle à la tradition pasteurienne avec compétence et dévouement au profit de la science et toujours au service de la santé des populations de Madagascar.